Dossier de presse

Critique d’Anne-Josée Cameron le vendredi 23 mars 2012 à l’émission « Retour sur le monde » (Radio-Canada, Québec)

(Extrait du spectacle) « Je suis heureuse, Jean Désy, de vous savoir à nouveau là, tout près, avec cet inouï désir d’être ailleurs, désir si semblable au mien, même si depuis longtemps je n’en dis mot, sagement tapie derrière cette image de mère casanière et agrippée, qui fait bien mon affaire, qui me permet d’éviter ce qu’il est convenu d’appeler le monde. Nous portons tant de désirs extrêmes. Quelques grands moments seulement, je pense, nous résolvent et nous unifient. »

Diane Martin : On vient d’entendre ici un extrait d’une lettre de Geneviève Amyot destinée à l’écrivain Jean Désy. C’est un extrait tiré du spectacle présenté hier dans le cadre du Printemps des Poètes. […] Et Anne-Josée, donc, vous avez assisté à cette première intitulée Écrire était extravagant

Anne-Josée Cameron : Écrire était extravagant met en lumière les échanges épistolaires de la poétesse Geneviève Amyot avec l’écrivain et aventurier Jean Désy. Alors la correspondance débute en 1991 [1990] et se poursuit jusqu’à la mort de Geneviève Amyot, et ce qui est intéressant, c’est qu’à travers cette correspondance vont se dessiner deux sensibilités, deux vies très différentes, mais bâties sur un désir commun, celui d’écrire, je dirais plus qu’un désir : un besoin viscéral… Alors les échanges sont d’abord formels, mais ils vont devenir au fil du temps amicaux, puis franchement affectueux, pas amoureux, mais affectueux : on sent l’affection, l’amitié qui va se développer et on assiste ici véritablement dès le départ à une espèce de séduction de l’esprit. Avant que l’amitié et que les vrais propos interviennent, que la vérité soit moins belle à raconter, à dire… les écrivains vont aborder les thèmes de l’enfance, de la famille, de la création, de l’impossibilité d’être au monde sans écrire, et on va vivre avec la correspondance de Jean Désy ses vagabondages, ses échecs et sa vitalité. Avec Geneviève Amyot, ce seront ses tourments, cette vie parfois trop petite, puis la maladie. Je dois vous dire que c’est un spectacle très touchant. J’ai beaucoup aimé le ton choisi par la metteure en scène Isabelle Duval, qui incarne également Geneviève Amyot lors de la lecture. Le ton est intimiste, porté par des éclairages discrets. En fait, les éclairages sont constitués – bien sûr de quelques éclairages au plafond, mais on est dans une certaine pénombre – et de deux lampes de chevet qui évoquent le ton de la confidence, qui évoquent les confidences. La lecture, elle, est ponctuée par des ponts musicaux que nous offre le guitariste Frédéric Dufour. Il y a également une sélection de photos, choisies avec soin, qui est projetée derrière les deux lecteurs, souvent des photos de nature, mais qui sont vraiment en correspondance avec ce qui est lu sur scène. C’est vraiment un travail minutieux qui nous est proposé, c’est un beau spectacle qui m’a, moi, permis de connaître un peu mieux la poétesse Geneviève Amyot, qui est très célèbre pour son recueil Je t’écrirai encore demain. Alors c’est intéressant de voir la réalité des écrivains, les sacrifices qu’ils doivent faire, la façon dont la famille compose, aussi, avec ces êtres qui sont happés par ce besoin d’écrire. Alors moi j’ai été touchée… C’est un beau spectacle, qui selon moi pourrait être repris. C’était hier, à L’AgitéE, Écrire était extravagant. La correspondance doit d’ailleurs paraître chez XYZ [aux éditions du Noroît] juste à temps, je crois, pour le Salon du Livre. Alors voilà : beau spectacle!

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Écouter l’entrevue ici.

 

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